DJ Bouto

Alchimiste des sons et maître des platines et compositions, Bouto invente chaque jour la musique de demain. Nicolas Boutines, alias Bouto, est originaire de Montpellier. Cours de piano classique dès l’enfance puis de guitare avant de participer à quelques groupes de blues des années plus tard. Rien que de très classique jusqu’au jour où il découvre, au début des années 90, les sound systems des travellers anglais dans le sud profond.

C’est la naissance underground de la techno et l’arrivée des fêtes musicales libres et gratuites, sans horaires, qui se déroulent au fond des bois ou au cœur des champs. Cette révélation libertaire lui donne des ailes... qui prennent la forme d’un joli camion. Groupe électrogène, sono, lights, cuisine équipée : le véhicule de teuffeurs pour visiter le monde est affrété avec quelques amis, et l’aventure peut commencer. Du Pays basque à l’Ukraine, les sudistes rassemblés autour de Bouto passent près d’un an à sillonner les routes d’Europe, vendant bières et colas à 2 Frf pour financer leur périple baptisé EXP Sound System, rencontrant dans les free parties des confrères allumés de musiques électroniques, et notamment les précurseurs techno du grand Est de la France. Jusqu’au jour où le camion rend l’âme, perdu quelque part au milieu de la Pologne...

dj bouto au festival pixels strasbourg

En 1994, des raisons sentimentales amènent notre héros musical à déménager à Belfort. Les défis se multiplient, la techno est officiellement désignée comme ennemi public. Les douanes et les préfets partent à la chasse au teuffeurs et les sound systems jouent au chat et à la souris avec les forces de l’ordre. La rigueur un brin germanique des habitants de l’Est et la rudesse des hivers rhénans poussent doucement la tribu à se réfugier dans des salles chauffées comme le Palot-Palot à Montbéliard, la Poudrière à Belfort ou le Noumatrouff à Mulhouse. Le label La Bande Adhésive naît dans la foulée en 1996. Et Bouto commence à rêver d’autres ritournelles artistiques... La fin du 20è siècle signe le début de nouvelles expériences musicales.

A partir de musiques assez formelles, comme le blues, le jazz ou la musique contemporaine, Bouto explore des sentiers vertigineux, en s’éloignant le plus possible des formes classiques. Désormais installé à Strasbourg, il poursuit sa collection de sons enregistrés en milieu naturel, porte d’ascenseur à Chicago, radiateur qui fuit ou paupière à l’acoustique étrange, pour les intégrer dans ses créations. Il multiplie les projets avec des musiciens audacieux, de la variété décadente de P*taz au trio de batteurs sans batterie Suboko, du breakcore divin d’Hell’s Gate à la techno bourrin de Botchup, de la lounge live de Djezz au duo expérimental Bad Bolster Boycott, du duo DJs Alf Brozzer aux ateliers Mic & Rob pour transformer une horde de bambins en concertistes surprises.

C’est d’ailleurs à l’occasion du dernier festival Louftibus à Bergheim en juin qu’il a réussi un enregistrement époustouflant : une bande-son avec des dizaines d’enfants, du niveau d’un concert de 8h de Sun Rae sous LSD. Attention, si vous invitez cet aventurier bruitiste chez vous, il risque fort d’improviser une soirée au fond de la baignoire, d’enregistrer votre frigo ou de vous faire découvrir une chanson de votre groupe préféré que vous ne connaissiez pas.